El Alia, ville haute

En ce mois de janvier, il nous fallait aller à Bizerte...

Excellente idée pour allier l'utile à l'agréable ... et faire un petit tour dans le nord que je ne connais pas.

Je dois avouer que Bizerte m'a déçue ... peut être à cause du temps gris et pluvieux ...

C'est pourtant une ville au riche passé historique, du comptoir phénicien jusqu'au haut lieu de la résistance contre le colonialisme français ... J'avais en tête des images du vieux port mais il ne m'a guère enthousiasmé, alors nous avons fait un petit tour par les remparts de la citadelle, nous sommes rentrés dans la Kasbah ... quant à la corniche, elle était déserte et triste ... alors nous avons gagné le Cap Blanc, le point le plus septentrional de la Tunisie ... et avons renoncé à nous balader sous la pluie dans la réserve du Lac d'Ichkeul  pour voir les oiseaux migrateurs ...

Triste promenade au total ? Eh bien, non car cette région a été pour moi une découverte agréable, c'était quitter l'ocre, le bleu et le blanc de Djerba pour un plongeon dans le vert du nord ... voir des paysages différents, des prés verts, des lacs, des champs cultivés, des éoliennes sur les collines et des vaches qui paissent comme les moutons, non pas dans les prés mais sur le terre-plein central des routes à grande circulation !

Plus que Bizerte , c'est El Alia qui m'a intriguée, petite ville blanche accrochée au flanc de la montagne, elle m'a fait penser aux petites villes  du Rif marocain.

El Alia, ce nom signifie "celle qui est haute" . Cette ville  existe depuis l'époque romaine. Au cours de son histoire, elle a accueilli bon nombre d'andalous venus d'Espagne. Ces musulmans, appelés les morisques, pour la plupart agriculteurs et artisans, furent contraints de se convertir au catholicisme pour pouvoir rester en Espagne après la Reconquête chrétienne mais finalement  ils furent expulsés par vagues successives jusqu' à la fin du 16ème siècle . Leur déportation se fit dans des conditions difficiles, les familles furent embarquées dans des galères qui les déposèrent sur les côtes de l'Afrique du Nord. Et c'est plus de 80 000 morisques qui échouèrent dans le nord de la Tunisie grâce à une politique favorable des Ottomans qui détenaient le pouvoir à l'époque .

Comme quoi l'histoire n'en finit pas de se répéter mais avec l'histoire on apprend aussi que l'apport  de ces migrants fut essentiel pour l'essor et l'évolution de la Tunisie  aussi bien dans l'agriculture , dans l'architecture ( la Grande Mosquée andalouse de Testour), la musique  ( le malouf ) et même la gastronomie ( les banadhej salés ou sucrés )...

Aujourd'hui, El Alia semble vivre surtout de l'agriculture, en témoignent les nombreux champs cultivés. Et depuis 2012, la STEG y exploite une quarantaine d'éoliennes qui animent fièrement les collines avoisinantes.

El Alia

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