Jemna : vente aux enchères des dattes

Jemna : vente aux enchères des dattes

Connaissez-vous Jemna ? Si vous êtes allés à Kebili, Douz ou Tozeur, vous êtes forcément passés par Jemna . Une grande palmeraie, un grand marché de dattes pour les deglet nour, des sources d'eau chaude c'est une oasis comme il en existe beaucoup d'autres ...

Mais Jemna est aujourd'hui à la une de l'actualité tunisienne...avec un titre choc :

"Hold up de Jemna : la réaction de l'Etat doit être exemplaire !"

L'Etat traite les habitants de Jemna de bandits et de voyous mais les jemniens ont une autre version de l'histoire ! Alors que s'est-il passé ? 

C'est sous la colonisation française vers 1937 que l'oasis de Jemna s'est étendue, que les terres ont été annexées sans que les populations locales aient leur mot à dire . En 1964  le gouvernement tunisien entreprend de nationaliser les terres coloniales , faisant fi des anciens propriétaires. Dans les années 70 le pouvoir  donne en location une partie de ses terres à des investisseurs privés qui font faillite avant que les terres passent en 2002 sous le contrôle de proches de Ben Ali. 

Pendant toutes ces années, les habitants tentent de récupérer la palmeraie en s'adressant à qui de droit. Mais l'Etat est formel, ses terres lui appartiennent, il n'y a rien à négocier. 

Puis arrive la Révolution. A la chute de Ben Ali, un comité révolutionnaire se crée, contacte l'Etat sans aboutir et prend possession de la palmeraie. Une association se crée  non reconnue par l'Etat. Mais la gestion de la palmeraie s'améliore, les comptes sont contrôlés et d'importants bénéfices s'affichent. Les assemblées générales sont publiques et la population locale voit d'un bon oeil cette situation puisque les bénéfices servent à l'amélioration du cadre de vie du village. 

Mais devant la bonne santé économique de la palmeraie, l'Etat commence à s'intéresser à la question. En ce mois de septembre, il somme l'association de lui remettre toutes les récoltes à venir et il interdit la vente aux enchères prévue. Il  rejette toute possibilité de restituer les terres et la palmeraie aux habitants de Jemna. Sa proposition consiste à créer une société pour encourager l'investissement privé. 

Et voilà, nous en sommes là. Si l'Etat cède, il sait qu'il y aura mille autres Jemna ...

Aujourd'hui il y a les pro et les anti Jemna... Et parmi les défenseurs, il y a ceux qui souhaitent que les terres soient redistribuées mais aussi d'autres, moins scrupuleux,  qui espèrent tirer quelques profits juteux...

Si les actions de la population paraissent illégales aux yeux de certains, elles n'en demeurent pas moins légitimes.

Alors, et si Jemna, était un bel exemple de démocratie locale ? 

 

 

Retour à l'accueil