Photo Copyright Mourad Dachraoui

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C'est encore une première et il faut le souligner. En effet la Tunisie est la première dans le monde arabe à voter un projet de loi criminalisant la discrimination raciale. Certes de nombreux députés étaient absents en ce 9 octobre 2018 mais sur les présents, 125 voix se sont déclarées pour, 1 contre et 5 abstentions. Des peines et des sanctions pourront ainsi être prises pour incitation à la haine, menaces racistes, apologie du racisme... 

Rappelons que déjà la Tunisie a été le premier pays musulman à abolir l'esclavage en 1846 sous le règne de Ahmed Bey.  

Bien sûr la loi ne suffit pas, faut-il encore que les mentalités suivent... car en Tunisie comme ailleurs le racisme envers les personnes noires de peau est une réalité même si personne n'en parle. Sujet encore tabou dans cette société.

C'est en 2012 qu'a été créée l'association ADAM pour lutter contre le racisme. Racisme exacerbé avec l'arrivée des étudiants subsahariens venus étudier dans les universités et dont la presse a révélé ces dernières années les nombreuses agressions dont ils ont été victimes. Les tunisiens noirs de peau ne sont pas épargnés par les discriminations. L'ascenseur social n'est pas pour eux et ils ne se rencontrent que très peu dans certaines professions telles que avocats, magistrats, décideurs, hommes politiques ... et ils ne se voient guère dans les médias... Les noirs sont relégués dans les taches subalternes. Des faits avérés de ségrégations ont même été relevés dans certains villages du sud. Mais le plus grave c'est surtout ce racisme ordinaire, héritier de l'esclavagisme, puisque dans le langage quotidien les mots "abid" ou "oussif" c'est à dire esclave ou valet sont encore employés communément ...

Aussi il faut se réjouir que la loi permette le débat, fasse évoluer les mentalités et condamne les pratiques racistes.  

 

 

 

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