Sit in au Kef - Photo de N. Khelifi dans Nawaat

Sit in au Kef - Photo de N. Khelifi dans Nawaat

Eloignée un temps de la Tunisie, ce pays et son devenir me collent au cœur. Alors qu'en France, pendant cette période pré électorale troublée, avec les revirements des uns et des autres, les affaires financières d'une caste privilégiée, l'environnement médiatique, les haines proférées ça et là, il existe tout de même des candidats qui osent porter tout haut les revendications profondes des peuples et parfois je me plais à penser que viennent les jours heureux ...

En Tunisie, la vie continue avec son cortège de petits événements qui pourraient passer pour mineurs s'ils n'étaient pas une reprise en main de la société face à l'impuissance et au laxisme de l'état. Comme par exemple, ce DJ condamné à un an de prison pour avoir au cours d'une soirée mixé un appel à la prière intégré à sa musique... et hop une occasion de plus pour fermer les discothèques. La vente d'alcool est régulièrement remise en cause ici où là voire même interdite. Un metteur en scène auquel "on" avait demandé de retirer le titre de sa chorégraphie a été agressé. Et je n'ose évoquer cette affaire d'étudiants rédigeant une thèse acceptée par certains professeurs et remettant en cause les idées de Galilée !

Evénements "mineurs" peut être mais en tout cas très représentatifs d'une "moralisation" de la société aux couleurs de Nhada.

A côté de ces troubles qui parsèment la vie des grandes villes, les régions marginalisées oubliées depuis tant d'années, sont sans cesse agitées par des mouvements sociaux plus profonds.

Que ce soit à Tataouine où la contestation s'étend et prend le chemin d'une grève générale demandant des mesures urgentes pour un plan de développement régional (les richesses pétrolières existent) ou au Kef où plus de 400 personnes sont menacées de licenciement et ont vu se fédérer d'autres mouvements sociaux dont par exemple des mères dont les enfants sont en détention depuis les manifestations de janvier 2016, des ouvriers agricoles, des chômeurs, ce petit peuple bouge, donne de la voix, veut être entendu et reconnu. La grève générale n'est pas loin. Tout comme à Redeyef où le mois dernier les coupures d'eau incessantes ont fait l'objet de revendications justes. Pétrole, phosphate, la Tunisie pourrait être un petit pays riche qui ferait vivre et travailler ses habitants en profitant de ses ressources naturelles mais le bien être de la population n'est pas l'objectif des gouvernants.

« Ni le gouverneur, ni le gouvernement actuel ne sont capables d’écouter et de comprendre les besoins de la région. Nous n’avons pas besoin de plus de barricades mais de réformes administratives, d’investissements dans l’infrastructure et d’une audace politique pour lutter contre la corruption et le népotisme », affirme le vice-président de la section de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme du Kef.

Et c'est ainsi, entre France et Tunisie... Dimanche à Marseille j'entendais un mot d'ordre qui a éveillé en moi de beaux souvenirs, c'était "Dégagez !" il faisait écho au "Dégage" tunisien scandé avec force lors de la Révolution de Janvier ! Partout le même schéma, les peuples sont en rébellion devant les pouvoirs oligarchiques. Mais il faut garder espoir des deux côtés de la Méditerranée. Le chemin est long mais il existe, et gageons que viennent les beaux jours...

Retour à l'accueil