Sur les pistes entre Hachène et Mellita

Ciel un peu mitigé en ce dimanche 16 février ... Soleil par intermittence, nuages qui virent au gris un moment ... Mais qu'importe finalement puisque la joie et le plaisir de se retrouver prédominent chez les randonneurs et randonneuses de DjerbaRando. 

Une balade sous un double aspect historique et contemporain puisque le rendez-vous était donné devant la Protection Civile de Houmt-Souk  où devait nous rejoindre un groupe d'enfants et d'adolescents à vélo venus avec leurs animateurs de l'Association Amel Ghizen ainsi que ceux et celles du club d'éducation civique d'un collège. C'est donc pour un public nombreux que les pompiers et sauveteurs ont pu faire étalage de leurs moyens, voitures, ambulances, matériels  et de leurs techniques en expliquant leur travail agrémenté de démonstrations de sauvetage. La caserne était donc animée en cette journée dominicale où des parents rejoignaient leurs enfants ... Gageons que ceci ait pu susciter quelques vocations parmi les garçons et filles présentes ! Car ici aussi les filles peuvent choisir ce métier en témoigne Zoukaïna qui est l'une des deux jeunes femmes à faire partie de la Protection Civile de Djerba.

En Tunisie les pompiers dépendent du Ministère de l'Intérieur et ce service est  seulement compétence de l'Etat. A ma connaissance, le système de pompier volontaire n'existe pas. En dehors de l'aéroport, on peut compter 2 sites de Protection Civile Houmt-Souk et Midoun.

Et pour les urgences un seul numéro  le 198 !

 

La Protection Civile de Houmt Souk
La Protection Civile de Houmt SoukLa Protection Civile de Houmt SoukLa Protection Civile de Houmt Souk

La Protection Civile de Houmt Souk

Alors que les jeunes ont enfourché leurs vélos, nous, nous avons repris les pistes à travers la campagne fleurie de Hachène, aux portes de Houmt Souk pour un arrêt à la petite mosquée ibadite de Bouzid : une petite merveille toute simple et blanche avec son escalier minaret propice aux photos. Le temps pour chacun de s'arrêter, de commenter, de repérer les différentes parties de la mosquée, de découvrir la salle de prières et d'apprécier la sérénité du lieu.

Mosquée Bouzid - Hachène
Mosquée Bouzid - HachèneMosquée Bouzid - Hachène

Mosquée Bouzid - Hachène

Mais le point fort de la balade nous attendait plus loin, il fallait continuer notre randonnée vers Mellita où se situe la fameuse Mosquée Boumessouer appelée aussi Jemâa El Kébir, la Grande Mosquée, l'une des plus anciennes de Djerba.

L'histoire de cette mosquée nous a été contée par le Cheikh Saïd Barouni qui est aussi le directeur de la Bibliothèque Al Barounia, bibliothèque privée dont je reparlerai un jour après l'avoir visitée. 

Le fondateur de cette mosquée qui date du début du 10ème siècle - 3ème siècle de l'Hégire - est Abou Mouesser El Yehrasni . Sa famille d'origine amazigh vient de Libye, du Djebel Nefoussa . On raconte qu'il réunissait des fidèles sous un caroubier, arbre majestueux qui procure une grande ombre ... mais un jour cette ombre ne fut plus suffisante pour abriter les nombreux disciples qui venaient l'écouter, alors il entreprit de construire une mosquée. C'est son fils Zacharia qui a continué son oeuvre et surtout lui a adjoint une école, une madrassa. A l'époque, nous sommes au Moyen-Age,  il existait une vingtaine de madrassa sur l'île et Boumessouer faisait office d'université où étaient  dispensées de nombreuses disciplines. Les imams - professeurs qui enseignaient ici reposent tous dans le cimetière voisin. Ainsi , pendant 9 siècles, cette mosquée bénéficiera d'une influence importante et perpétuera l'influence ibadite de Djerba lui insufflant son caractère "indépendantiste" et autonome.  

Jemâa El Kébir - Le Cheikh Saïd Barouni
Jemâa El Kébir - Le Cheikh Saïd Barouni

Jemâa El Kébir - Le Cheikh Saïd Barouni

Jemâa El Kébir, la Grande Mosquée, abritait donc étudiants et professeurs venus de loin. Les chambres ou cellules sont situées sur l'un des côtés de la mosquée où trône également un cadran solaire. L'eau est partout présente pour les ablutions, il y a plusieurs réservoirs d'eau - souvent construits par les habitants eux mêmes apportant ainsi leur contribution à cet édifice. Un puits alimente les sanitaires de l'époque. Avec tant d'affluence, la grande salle de prières intérieure devenait trop petite aussi la mosquée est dotée d'une salle de prières extérieure ou estivale et pas moins de quatre mihrab se dressent dans la cour permettant aux fidèles de repérer la qibla, la direction de La Mecque . Ces mihrab isolés font la grande originalité de cette mosquée et prouvent son importante fréquentation. 

N'oublions pas que la mosquée n'est pas qu'un lieu de prières et d'enseignement mais aussi un lieu d'organisation de la vie sociale, de la communauté. Les ibadites permettaient aux femmes d'assister aux différentes prières, leçons et réunions , un espace leur était  réservé à l'entrée et par le biais d'une ouverture elles pouvaient participer et poser des questions.   

Mihrab devant la salle de prières extérieure - Cadran solaire - Un espace pour les femmes
Mihrab devant la salle de prières extérieure - Cadran solaire - Un espace pour les femmesMihrab devant la salle de prières extérieure - Cadran solaire - Un espace pour les femmes

Mihrab devant la salle de prières extérieure - Cadran solaire - Un espace pour les femmes

Et pour finir en beauté , nous avons eu droit à un instant poésie avant de reprendre, sous le soleil et en mode clairsemé le chemin du retour vers Houmt Souk. 

Sur les pistes entre Hachène et Mellita
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